Une superficie importante de la commune de Fermanville est située dans la zone Natura 2000 Récifs et marais arrière-littoraux du Cap Lévi à la pointe de Saire, qui couvre toute la côte nord du Cotentin.
Ce statut particulier du territoire de notre commune illustre la richesse et la diversité de ses habitats, propices à l’installation d’une faune et d’une flore qu’il convient de préserver. Cependant, le changement climatique, qui se traduit par des événement plus intenses (tempêtes, précipitations, sécheresses,…) et le recul du trait de côte, joue les trouble-fête et contraint fortement les enjeux de préservation de cette bande littorale qui y est soumise. Les habitats se modifient, la biodiversité évolue et certains usages ne peuvent perdurer.
La municipalité de Fermanville, sensible à la préservation de l’environnement, travaille en confiance et en étroite collaboration avec le Conservatoire du littoral pour accompagner, discuter les aménagements, les actions de gestion qui relèvent de son territoire.
Trois grands principes, partagés par les différents acteurs de ce site, président aux décisions de gestion, sont expliqués ci-dessous.
Plusieurs unités paysagères se côtoient sur le val de Saire : cordons dunaires, marais arrière-littoraux, prairies, landes battues par les vents, vallons boisés et vaste estran. Les zones de contact sont riches en espèces qui trouvent sur place gite et couvert : 24 habitats sont considérés d’intérêt communautaire, 39 espèces végétales et 52 espèces animales sont protégées.
L’enchaînement d’ambiances constitue un attrait touristique d’autant plus fort qu’il est aisé d’accéder à ces milieux naturels restés authentiques.
Source : Plans de gestion du Conservatoire du littoral, Sites du Val de Saire, Manche, juin 2018
1. Une vision intégratrice à l’échelle du territoire.
L’ambition est de préserver la valeur patrimoniale du Val de Saire tout en assurant la résilience du territoire dans un contexte de changement climatique. L’ensemble des acteurs se mobilisent autour de plusieurs objectifs :
- Préserver la diversité des habitats dans un contexte d’adaptation à l’évolution du trait de côte ;
- Valoriser le patrimoine (maritime et rural) et les paysages ;
- Assurer une gestion raisonnée de la ressource en eau
La qualité des paysages du Val de Saire, la diversité faunistique et floristique et la pérennité des usages reposent sur la recherche continue d’un juste équilibre entre les activités humaines et les milieux naturels.
2. Des solutions basées sur la nature pour s’adapter au changement climatique
Il s’agit d’accompagner le changement en assurant à long terme une plus grande naturalité de la bande littorale : évolution naturelle du trait de côte (sans investissements lourds dans les ouvrages de défense), évolution des marais avec des eaux saumâtres plus importantes, acceptation d’une évolution de la biodiversité, évolution des facteurs d’attractivité du territoire…
Cette stratégie n’est pas pour autant synonyme de laisser faire : une gestion différenciée du territoire est mise en place, en fonction des dynamiques selon les secteurs.
A court terme, les interventions visent à ralentir certains processus pour se donner le temps d’agir, favoriser l’adaptation des pratiques en particulier agricoles, modifier les cheminements littoraux…
A Fermanville, dans le secteur de Fréval, les cheminements piéton et l’écoulement des eaux sont perturbés suite aux tempêtes et brèches dunaires. Les travaux réguliers sont inefficaces sur le long terme et l’approche adoptée vise à trouver une solution plus durable dans le cadre du plan de renaturation des cours d’eau, passant par un cheminement optimisé de l’eau et de la fréquentation.
3. Préserver le patrimoine naturel et les paysages tout en pérennisant les activités
Préserver les cordons dunaires
Dans une perspective de mobilité naturelle du trait de côte, les actions doivent permettre de diminuer les dégradations du cordon dunaire liées aux activités
humaines : améliorer les conditions de stationnement et d’accès à la plage, rendre la fréquentation compatible avec la conservation des habitats naturels, faire évoluer le tracé du sentier littoral en intégrant le recul du trait de côte…
Accompagner l’évolution des marais arrière-littoraux et prairies
Les connexions entre le milieu marin et le milieu terrestre devenant de plus en plus fortes, une tendance à la salinisation se manifeste. Il convient d’accompagner le recul des habitats aquatiques d’eau douce et des milieux prairiaux dans un objectif de préservation de cette mosaïque : habitats humides avec différents niveaux de salinité, prairies maigres de fauche, prairies à orchidées…
Cela est essentiel pour l’accueil de la faune des marais arrière-littoraux : espèces protégées (Agrion de Mercure, amphibiens sur les mares de Jourdan et Vrasville…) et richesse de l’avifaune.
L’évolution des pratiques est un enjeu majeur en vue de leur pérennisation. Il s’agit d’accompagner les agriculteurs à envisager le repli face aux aléas, et développer les réflexions pour faire évoluer les pratiques de chasses dans les marais arrière-littoraux.
Maintenir la diversité écologique et paysagère du Cap Lévi et de la pointe de Barfleur
Le maintien de la qualité des habitats naturels des pointes demande une attention forte aux milieux ouverts : pelouses de bord de falaises dégradées par la fréquentation, embroussaillement amplifié par la déprise agricole… La préservation de milieux humides y favorise la présence d’amphibiens comme le Triton crêté, la Rainette arboricole, le Crapaud calamite…
La mise en valeur du patrimoine maritime et rural (dont les haies et murets qui structurent le paysage) doit s’accompagner d’une réflexion sur l’optimisation du stationnement et la sécurisation des cheminements suite recul du trait de côte.
Préserver le caractère original des landes du Brulay et du bois de Maupertus
Il convient de conserver la naturalité du bois de Maupertus (en veillant au bon état de conservation des hêtraies-chênaies), préserver les habitats de landes qui souffrent d’embroussaillement et assurer un bon fonctionnement des cours d’eau. Dans ces secteurs, la fréquentation du public doit être maîtrisée : lutter contre les infractions qui perturbent la quiétude des espèces, la prolifération de sentiers, encadrer les manifestations etc.
